Microscopie 2013

Rappel du premier message :

Voici un beau sujet pour démarrer 2013. Une photo macro d'un tableau de VAN VOGH ? non! simplement une coupe fine de granite en lumière polarisée.

T'es en NZ ?

Et c'est tout ce que tu shootes ?

C'est vrai que dans le genre "j'habite un pays qui compte parmi ses merveilles certains des plus beaux paysages du monde" tu es plutôt verni

à défaut de paysage flamboyant, voici de la matière irradiant comme de la lave.

où est ce que tu te fournis en diatomée de tous les pays ?
ça s'achete ? on en trouve en lame ? comment ça se passe ?

ouai c'est vrai ça !!!!

Très belle série variée et colorée, on continue notre voyage dans le petit monde .

Lorsque je parlais de déchet, c'était surtout des défauts techniques, mise au point, mauvaise lumière. Mais j'imagine que ton mode de prise de vue qui s'apparente à de l'observation doit te permettre d'enregistrer quasiment à coup sûr.

Elles sont "vivantes" (éventuellement mobiles) ou mortes ? J'ai le souvenir de protozoaires ou autres bactéries (ovales avec des cils tout autour) qui bougeaient dans tous les sens quand je les observais au microscope.

wouah que de questions! Je suis content que ces images suscitent autant d'interrogations. Je vais essayer de répondre clairement.
Tout d'abord voici une photo qui résume les sources de matière que j'utilise pour les images du forum.



Dans cette photo, il y a:
un prélèvement des bains jaunes au pied de la souffrière en Guadeloupe.
Il y a 2 petits tubes avec des prélèvements de diatomites dont 1 de diatomées fossiles d'auvergne.
La poche, au fond, contient de la roche à analyser et à traiter, qui provient de Champagne.
1 flacon contenant des diatomées traitées prêtes à être montées sur lames.
enfin 2 lames dont une est de moi, l'autre achetée.
voici pour le départ. Ensuite pour répondre rapidement, oui, il m'arrive d'acheter des lames du monde entier.
La raison est simple, je ne peux pas parcourir le monde entier pour le faire.
Une autre raison est purement pratique. Faire une lame est extrèmement polluant et toxique.
La matière de base est traitée à l'eau de javel puis à l'acide chlorhydrique. Certains conseillent même de le faire bouillir! je vous laisse imaginer l'état de la cuisine ainsi que de vos poumons après.
ensuite, une fois le PH revenu neutre je garde le tout dans un petit flacon avec de l'alcool à 90°.
Pour réaliser la lame définitive, rien de plus simple, vous pouvez utiliser une résine d'inclusion, le NAPHRAX ( dont l'indice de réfraction est intéressant pour les diatomées), son diluant est le toluène ( produit toxique interdit à la vente). Utilisation d'une hotte aspirante et masque contre les produits organiques.
En résumé, si je trouve, j'achète la lame!
Cela vous convient-il ?

Tout à fait .

Beaucoup plus compliqué que mon cas : faire pourrir de l'eau dans un ancien aquarium, prélever de la pellicule de surface, mettre entre deux lames et observation des paramécies qui zigzaguaient dans tous les sens .

Là c'est un autre domaine, çà blague pas .

Si j'ai bien compris, elles ont claqué depuis longtemps quand tu les observes...

C'est quoi des diatomées "fossiles" ? Des vrais fossiles ou des espèces ayant traversé les époques ?

quand je parle de diatomées fossiles, il s'agit de "squelettes" en silice (que l'on appelle frustules) qui se sont déposés il y a plusieurs millions d'années. Ces gisements car dans certains ce sont des gisements de plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur comme dans le massif central à Fourfouilloux, servent à l'industrie pour la microfiltration. J'ai rencontré un chimiste qui polarisait électriquement le filtre à diatomées pour une filtration ionique.
Mais ces gisements n'ont pas d'intérèt pour moi car les frustules de diatomées sont broyés par la pression et ne sont pas complets comme cette belle triceratium.

Merci pour les explications .

Bien géométrique celle-là. Elle fait quelle taille ?

Celle-ci est grosse (environ 40 microns) comparativement à cette Cyclotella ( 10fois plus petite) qui provient d'un dépôt fossile de Mont Dore en Auvergne d'environ 5 millions d'années. Cette dernière était une diatomée d'eau douce alors que la Triceratium était d'eau de mer.
Nos diatomées fossiles sont bien moins spectaculaires mais je les aime quand même!

je débattais sur l'intérèt pour moi, aujourd'hui d'un microscope optique par rapport au performance d'un microscope électronique par bombardement d'électrons, ou confocal par balayage laser.
Au delà du prix, qui dépasse largement ma passion dans les deux derniers cas, j'expliquais combien j'aimais la lumière et ce que pouvait créer un condenseur de HEINE ou un contraste interférentiel.
J'expliquais que le côté esthétique ne m'était pas indifférent même si de nombreuses contraintes se rajoutaient comme la limite optique dans la lumière visible.
De plus cette technologie me permet de pouvoir encore "bricoler" des systèmes. Quel bonheur!

C'est vraiment un mode (photographique) à part .

Pourquoi des diatomées fossiles ? Il n'y en a pas des actuelles ?

si, il y a des diatomées dans les cours d'eau, les lacs et les mers encore à l'heure actuelle (c'est utile dans mon boulot pour connaitre les endroits de noyade)

oui je sais, moi qd j'explique ça fait plus froid dans le dos

oui c vrai mais c'est ton métier aussi, l'est rigolo qu'à la télé dans les polars ...

Snooze a écrit:si, il y a des diatomées dans les cours d'eau, les lacs et les mers encore à l'heure actuelle (c'est utile dans mon boulot pour connaitre les endroits de noyade)

oui je sais, moi qd j'explique ça fait plus froid dans le dos

C'est une utilité qui en vaut une autre .

En effet, la mèdecine légale utilise les diatomées. Là où il y a de l'eau ou de l'humidité il y a des diatomées que ce soit en eau douce, saumatre ou salée. Elles seraient apparues au Jurassique. A l'époque elles étaient en moyenne, plus grandes que maintenant. Peut être, parce qu'elles avaient plus d'acide silicique à synthétiser dans l'eau, du fait de la plus forte activité volcanique. Je dis peut être, car au pied de la Souffrière, dans les bains jaunes, je n'en ai trouvé pour l'instant, que des toutes petites.
Voici une diatomée de nos rivières en pseudo-fluorescence, éclairée par un condenseur de Heine et une LED de puissance.

Le printemps semble proche car malgré le froid et la neige, faunes et flores semblent s'activer au fond des cours d'eau.
Diaph16 sera comptant d'apprendre que "la Deûle" n'a jamais été aussi propre depuis 50 ans. "Quoi ma Deûle, qu'est ce qu'elle a ma Deûle!"
Voici un habitant de ce canal; un Héliozoaire en contraste de phase à un grossissement X500 environ.
Il irradie de tous ses filaments d'où son nom !

Je n'irais quand même pas m'y baigner...

Beurk moi non plus ...

ok, fini la pataugeoire. Nous replongeons au coeur de la silice.

Psychedelique !

La "bestiole" ressemblait à un banal héliozoaire, sphérique avec sa panoplie de longs cils vibratiles puis il se mit à se déformer et à se déplacer tel un petit monstre protéiforme. C'est un rhizopode! Beurck!

dans la série, les français ont du talent, voici Monsieur NOMARSKI. Avec le CNRS, il a développé un contraste interférentiel à faire pâlir la concurrence. Il est d'une simplicité et d'un potentiel incroyable. La société française NACHET l'a utilisé sur ses microscopes 300 et NS400. C'est un NACHET 300 que j'utilise pour les photos.
Le système SMITH T ou JAMIN/LEDEBEFF de chez LEITZ, parait d'une autre époque. OLYMPUS, ZEISS, LEITZ/LEICA, NIKON ont attendu qu'il tombe dans le domaine public pour se l'approprier, c'est dire!

La qualité de la dernière photo est vraiment au dessus des autres !

Çà consiste en quoi ton nouveau système ?

TITOU,
Avec le système de NOMARSKI, les prismes de calcites (W1 et W2 sur le schéma ) ne sont plus dans le plan focale du condenseur ni de l'objectif (schéma de droite).
En résumé,
Avec le système SMITH T de LEITZ, les objectifs sont dédiés car le deuxième prisme de Wollaston est dans l'objectif, au niveau du plan focale. Le coût d'un objectif ICT est très élevé car difficile à fabriquer.

Avec celui de NOMARSKI, comme les prismes ne sont plus dans le plan focale, je peux utiliser n'importe quel objectif. Cela a une conséquence très positive. Même si le microscope à 50 ans, je peux utiliser les derniers objectifs apochromatiques avec une ouverture numérique proche de 1,40, ce qui apporte une très belle définition à l'image.